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tout petits, et elle croit sincèrement que sa fille de six ans est une personne responsable et tout élevée comme elle le dit volontiers : elle marche, elle a toutes ses dents, elle parle, elle est prête à se tirer d’affaire !

Chez ceux que le souci du pain quotidien et le travail incessant n’absorbent pas, les cœurs des petites filles ont-ils plus de chances d’être connus et cultivés afin de s’épanouir ?

Il y a certes beaucoup de femmes qui sont mères jusqu’au bout et qui enfantent les âmes comme les corps de leurs enfants et je demande qu’on ne m’accuse pas de trop généraliser : je n’ai qu’à louer les vraies mères et c’est des autres que je parle.

Hélas ! chez trop de riches et chez trop de pauvres, on soigne plus ou moins bien les corps des enfants et on ignore tout à fait leur âme.

Les uns les traitent comme des petits animaux savants dressés à coups de friandises ou de rudesse suivant l’humeur des jours ; d’autres se font une parure de leur beauté et une gloire de leur parure. Il y en a beaucoup qui ont de la bonne volonté et qui voudraient sincèrement les bien élever, mais ils ne savent pas. Ils ne comprennent pas la nature de l’enfant : ils ne se donnent pas la peine de l’étudier dans toutes les manifestations inconscientes de sa petite personnalité, et à l’aveugle, leur appliquent une méthode invariable, ils tentent de les conduire, de les