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I

Les âmes qui se fanent


Nous voudrions croire que ce n’est pas l’automne encore, mais que de fuites d’oiseaux et quelles plaintes dans le vent, le soir, quand les feuilles sont mordues par le froid !

Et sans le vouloir nous reprenons notre âme d’automne qu’alanguissent les ciels gris et les fins brouillards. Entre le regret des verdures lumineuses dans les coulées d’ombre verte et l’imprécise inquiétude qui accompagne tous les déplacements, nos âmes s’amollissent et caressent leur tristesse.

Défions-nous, il y a un danger, là.

Les femmes courageuses réagissent contre l’ambiance énervante : elles font de grands nettoyages de maison, elles reprennent contact avec la vie courante et renouent leurs relations mondaines et charitables. Peu à peu le regret de la liberté estivale, le souvenir des grands espaces et de l’air parfumé des bois et des grèves perdent leur vivacité, il n’en reste plus qu’un plaisir réconfortant et elles continuent leur vie réelle qui ne peut être ni un rêve ni un plaisir !

Celles-là sont les sages, il faut les envier et les imiter. Mais il y a les autres dont les