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privés des tendresses maternelles, et ignorants de la splendeur rayonnante des espaces libres où Dieu jette ses merveilles à profusion. Si c’est vrai que plus nous voyons de belles choses, plus nous devenons aptes à en faire de bonnes, est-ce que tous les enfants ne devraient pas avoir leur part de soleil, de beaux arbres, de champs verts ou dorés, d’horizons larges et clairs ? Elles sont si exquises les extases des enfants à qui leur mère apprend à découvrir la beauté et à l’aimer.

On se demande si, dans la vie vertigineuse qui les emporte, les jeunes mères comprennent toujours assez que c’est elles qui doivent ouvrir les yeux et l’intelligence de leurs petits enfants et leur révéler les liens mystérieux qui les rattachent à tout ce qu’ils voient comme à tout ce qu’ils ne voient pas sur la terre et dans le ciel ? Les imprégner de la poésie des choses, tourner leurs âmes vers la Beauté, c’est le commencement, le premier échelon de l’ascension qu’ils entreprennent sous l’impulsion maternelle : ils ne l’oublieront jamais, et la maternité spirituelle est la seule qui permette aux mères de posséder l’âme de leurs enfants et d’y régner en souveraines toujours.