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l’attente des feuillages tendres et des brises caressantes ! L’âme languit dans ce purgatoire : sûre du printemps, ne pouvant l’avancer d’une heure, elle attend, attend !

Tout à coup pourtant il éclatera : en quelques jours tous les arbres seront verts, les vergers fleuriront, et dans les cœurs ce sera aussi le printemps : toute la beauté du dehors pénétrant dans les âmes pour les remplir de bonté et de tendresse.

Cet amour de la nature vivante et fleurie se rattache à nos origines : vous savez bien ? « Adam et Eve étaient heureux dans un jardin magnifique où croissaient toutes les fleurs et tous les fruits… »

C’est peut-être pourquoi nos bonheurs sont incomplets s’ils sont renfermés entre des murs sombres loin des jardins embaumés et des grands espaces verts.

Je ne connais rien de plus triste qu’un orphelinat situé au centre d’une grande ville les petits enfants y sont blancs et frêles comme les plantes tenues à l’ombre. Ils jouent dans des cours grises, entre des murs gris, et des hautes fenêtres, ils n’aperçoivent que des toits sombres et de tout petits coins de ciel dont la fumée cache la beauté claire.

On a dit que ce qu’il y a de plus pur et de plus heureux dans notre intelligence prend sa source dans les beaux spectacles que nous avons eus sous les yeux. Quelles pauvres et tristes images vêtiront les pensées et les émotions des pauvres petits qui grandissent