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de tant d’affection ! Elles font, au contraire, ce qui est nécessaire pour être détestables, et elles se lamentent des résultats logiques qu’elles obtiennent.

Je crois bien que la femme la plus désagréable que j’aie connue habitait un presbytère où elle faisait gagner le ciel au curé par bonds prodigieux.

Ce curé, qui était un peu mon parent, m’avait invité à passer quelques jours chez lui. C’était un homme doux et timide et je ne fus pas longue à voir que ce n’était pas lui le maître du presbytère, mais bien la ménagère aux yeux durs, longue sur pattes, bavarde et grondeuse qui régissait la maison ; elle ne souffrait ni suggestion, ni remarque, ni intervention d’aucune sorte de la part du curé. Elle était honnête, propre, travaillante et insupportable !

Confondant le moyen avec le but, elle tyrannisait le bon prêtre, sous prétexte de le rendre heureux, en lui tenant sa maison irréprochablement. Entendons-nous : pour elle, la maison irréprochable n’était pas celle où l’on vit confortablement, mais celle où il n’y a pas un grain de poussière, pas une mouche, pas d’air et pas de soleil !

L’accès du salon était à peu près interdit : stores baissés, meubles rangés et époussetés méticuleusement, ce salon dormait dans une netteté immaculée qu’il était défendu de contempler de près. Les rares visiteurs qu’elle était quelquefois forcée d’y admettre,