Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tant d’âmes diverses qui leur sont confiées.

Et voilà pourquoi on peut voir une petite Sœur Césaire se mourir toute seule, au milieu de Jésus roses qui sont ses petits enfants !


Mamzelle Melanie


Chaque année, au début de l’hiver, la même pensée triste obsédait Mamzelle Mélanie. Son vieux cœur de bonne vieille fille s’apitoyait sur les enfants pauvres qui ne connaissent aucune des joies enfantines de Noël : bel arbre couvert de jouets, bas remplis de surprises, friandises de toutes sortes. — « Ce n’est pourtant pas juste qu’ils n’aient pas les plaisirs de Noël parce qu’ils sont pauvres ! Jésus était pauvre, et les rois mages lui apportèrent des cadeaux… »

La conclusion s’imposait, mais hélas, Mélanie était pauvre et il faut beaucoup d’argent, dans certains cas, pour être logique ! La vieille fille était un personnage dans sa petite ville : elle était vieille, infirme et originale : tous la connaissaient, l’estimaient, l’appelaient « Mamzelle Mélanie, » et tous lui parlaient, car elle était un peu bavarde, et elle ne perdait pas l’occasion de faire un bout de causette pour peu qu’on l’y encourageât.

Elle gagnait sa vie à faire du raccommodage à la journée, et quand le loyer de sa