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le but de ma visite : un petit Jésus pour mettre dans une crèche déjà habitée par des bergers et des rois mages : de toute nécessité il fallait que l’Enfant fût plus petit que ses adorateurs ! Elle en avait bien un, mais il était laid, son visage était maigre et vieillot : sans préciser la raison de mon refus, je dis : — Non, pas celui-là. — Pauvre petit, fit la sœur en rougissant, je lui demande pardon tous les jours de l’avoir fait si vilain, mais j’étais trop lasse et je n’ai pas mis la quantité de cire suffisante dans le moule, — et elle répéta encore en soupirant, — j’étais si lasse ! — Et vous l’êtes encore, repris-je vivement, vous devriez être à l’infirmerie. Pourquoi vous fait-on travailler ? — C’est moi qui ai prié Notre-Mère de me permettre, jusqu’à la fin, de faire des Jésus. — Elle les regarda avec tendresse, — Je les aime, ce sont mes petits enfants.

… Elle s’était assise, haletante : — Vous comprenez, si je ne fais plus mon service à l’atelier, je ne serai bonne à rien, inutile ! — Elle était si fragile et si triste, que je ne résistai pas au désir de la consoler… d’essayer au moins… — Ma petite Sœur, voulez-vous savoir ce que disait saint Paul, quand il était bien las ? Et c’était un homme fort et un grand saint ! Car la faiblesse, vous le savez, n’est ni un péché, ni même un mal, c’est une des volontés du Bon Dieu. Voici donc ce que disait saint Paul : “Je n’ai pas fait grand’chose, les autres trouvent que ce