Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si facilement et que la migration du plus grand nombre est la règle. Ils s’exposent aux angoisses de la faim, aux tortures de froid, à tant de mois de misère, pourquoi ?

Quand revient le printemps les familles d’oiseaux se comptent et il en manque beaucoup à l’appel, — les plus faibles et les moins chanceux qui ne purent résister aux épreuves du cruel hiver.

Et au cours de ma petite rêverie, je pensai à la question que je me posais jadis : que deviennent les oiseaux morts puisque jamais on n’en voit dans la forêt ou dans les champs ? Mais aujourd’hui je le sais, un naturaliste américain, rencontré l’été dernier au Mont Tremblant, m’a donné une réponse de savant qui peut-être intéressera mes lecteurs.

Quand l’oiseau mort tombe sur le sol, il est encore beau, il a sa forme et son plumage intacts : il se corromprait très vite s’il restait là. Mais voilà qu’une légion de scarabées, noirs, rayés de jaune, accourent de tous côtés, guidés par un instinct étrange. Ce sont les ouvriers fossoyeurs chargés de faire disparaître le petit cadavre.

En hâte ils se mettent à l’ouvrage : leurs pattes robustes remuent la terre et leur tête carrée, garnie d’une sorte de pelle, la prend et la rejette sur le bord de la fosse ainsi creusée. Ils sont si nombreux et si