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Tout de même, soupirez-vous, il y a des jours tristes où l’on pleure presque malgré soi. Il faut bien les endurer ! — je voudrais bien savoir pourquoi, par exemple ! Quand vous apercevez une souris dans la pièce où vous lisez, restez-vous tranquille sur votre chaise à dire que c’est ennuyeux ? Vous courez chercher un balai, si vous êtes brave, un autre bras, si vous êtes poltronne, et vous menez rondement la chasse. Chassez avec la même énergie les pensées sombres : essayer d’évoquer le soleil après la pluie, de croire aux joies qui sont là, plus près de vous que vous ne vous en doutez et quand ce ne serait qu’un rêve qui vous rendrait du courage, rêvez-le, mes petites sœurs, et reprenez le courage qui vous fera marcher bravement.


LI

Je le sais


Songeuse, je regardais, à travers la vitre, les moineaux sur les branches ouatées de neige : avec leur infaillible instinct, ils devaient sentir approcher la tempête de neige qui se ramasse depuis ce matin. Que combinent-ils dans leur petite cervelle, pour se mettre à l’abri du flot blanc qui bientôt s’abattra partout ? Et pourquoi tous les oiseaux ne s’envolent-ils pas vers des régions ensoleillées, puisque leurs ailes les y porteraient