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décrochés. Tout est laid ! C’est un lendemain de fête !

Et quelle fête ! la, semaine dernière fut une fantasmagorie ! Les petites personnes qui dansèrent avec le « fils du roi » croyaient rêver, et elles en rêveront longtemps !

Il restera certainement un souvenir sérieux et bienfaisant du passage du Prince de Galles. Il a donné, peut-être avec intention, peut-être sans s’en douter, des leçons dont nous pourrons tous profiter. Aux Anglais, il a prouvé que, dans son estime, les deux races sont égales et que rien n’est plus loin de sa pensée que de manifester une préférence pour la race anglaise. À nous, Français, il a démontré le plus aimablement du monde qu’il nous aimait comme nous étions, et que l’anglicisation qui tente tant de snobs ne ferait que nous enlever de notre mérite. Partout où la majorité était française il parlait français, et même, quelques Anglais ont trouvé qu’il avait poussé un peu bien loin cette règle de conduite, et que la fameux coffret eut dû contenir une copie anglaise de l’adresse de la Ville de Montréal. N’empêche qu’il a fait ce qu’il trouvait bien, et cela fera sans doute réfléchir les extrémistes. Ses discours ont exprimé encore plus clairement ses idées larges et bienveillantes, et je pense que le prince Charmant est aussi un prince Clairvoyant qui entend aider de son influence cette fameuse union des races dont on parle si bien mais que l’on pratique si peu !