Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on y joint l’enseignement ménager, les jeunes filles sortiront de là mieux préparées à la vie qui les attend,soit à la campagne, soit à la ville.


XLV

Les pommes


Tout le monde l’appelle la vieille Tofie : je crois bien qu’elle fut baptisée Théophile. Vous me direz que c’est un nom masculin ; je vous répondrai que les habitants de Sainte-Marcienne n’y regardent pas de si près ; ils donnent à leurs enfants le nom qui leur plaît, le curé proteste, mais ils sont têtus, et en fin de compte, ça ne va pas plus mal là qu’ailleurs.

Il est certain que la petite Tofie, puis mamzelle Tofie, et enfin la vieille Tofie furent d’heureux personnages ; elles habitèrent toujours la même cabane, au bout du village, vis à-vis le cimetière. Je ne connais les deux premières que par les confidences de la troisième qui « s’en va su quatre-vingt, » souriante, grassette, proprette et pas mal bavarde.

Causer avec elle, c’est faire un petit cours de philosophie pas banal, et ne vous étonnez pas si je deviens de plus en plus ennuyeuse, c’est, je vous l’assure, que je deviens de plus en plus sage !

Je m’arrêtai, ce matin, en passant, devant la porte où la vieille Tofie se berçait sur son