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gions l’église au retour d’une de nos promenades. Le premier coup de l’angélus tinta, puis les autres se perdirent dans le carillon endiablé qui suivit : nous entendions des éclats de voix enfantines, des cris, des piétinements. C’était les enfants de Marie Pointue qui sonnaient l’angélus en cabriolant et se bousculant pour s’arracher la corde ; ils dansaient comme des lutins autour de ceux qui ne lâchaient pas prise. Je pense qu’un angélus de cette façon ne se sonne nulle part dans le pays !

Ils sont amusants les gamins de Percé, et très beaux, en général. Nous en avons rencontré trois dans la forêt, hier : ils conduisaient un chien attelé à un charriot primitif rempli de bon bois franc fraîchement coupé dans « la terre à boé » d’un propriétaire du voisinage. La morale des très pauvres gens du village est élémentaire et simple : Il faut que tout le monde se chauffe, je n’ai pas de boé, j’en prends chez celui qui en a. Il se fâche, je le quitte se fâcher et je me chauffe. » Et ainsi le poêle se remplit, le garde-manger se garnit, et on les « quitte faire » avec une philosophie charitable inconnue dans mon coin de province !


XLIII

Gapit, le beau Sonneux


L’automne, dans les campagnes, c’est encore la bonne saison ; dans les longues soi-