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semble, ils sont malheureux de leur propre souffrance et ils ont le remords de la souffrance de l’autre qu’ils voient trop clairement.

Les enfants paient très cher cette erreur de leurs parents, et une éducation solide et saine est impossible dans un milieu triste et tourmenté. Il faut aux enfants un entourage harmonieux, paisible, l’union du père et de la mère dans l’œuvre de l’éducation, et voilà qu’ils vivent au milieu de l’antipathie à peine voilée, des discussions âpres entre ceux qu’ils aiment également : ils en sont blessés et assombris pour toute la vie très souvent.

On ne conseillera jamais assez aux jeunes filles et aux jeunes gens d’apprendre à se connaître, de ne négliger aucun indice révélateur, de ne dédaigner aucun avertissement de l’instinct qui, lui, ne se trompe pas quand il nous tire en arrière.

Sans cette parenté de l’âme qui vous tient en communion constante d’idées, d’impressions et de sentiments, sans la confiance sereine et sans limites, sans l’élan qui vous porte vers l’autre et qui vous fait désirer d’être près de lui même dans les dangers et les misères, sans l’intuition qui fait vôtres ses joies et ses soucis, n’allez pas croire que vous serez vraiment unis dans le mariage.

L’intimité, les petites difficultés inévitables agrandiront, au contraire, la brèche presque imperceptible que vous ne voulez pas voir.