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Je pense à cette impossibilité quand je vois deux êtres de natures incompatibles essayer péniblement de vivre en bonne intelligence. Le comble, c’est que souvent, ils se sont distingués et choisis, qu’ils se sont aimés sans s’apercevoir que tout les séparait, et maintenant ils ne se résignent pas à la lutte constante qui naît de l’opposition de leurs natures.

Nous apprenons facilement les lois physiques, que le feu brûle, que le froid gèle, que la glace fond ; plus vaguement, nous apprenons quelques lois spirituelles et morales ; mais il y a une loi fondamentale, une des plus importantes lois de la vie que nous ignorons pour notre malheur. On devrait la crier sur les toits, l’enseigner dans les écoles, à l’église et dans la famille, c’est la grande loi de la sympathie, de la compréhension, de l’entente absolument indispensables dans toutes les amitiés vraies et sur laquelle le mariage devrait être fondé.

La méconnaissance de cette loi essentielle dans beaucoup d’unions est plus qu’une erreur, elle est une faute presque impardonnable, et, en tous cas, irrémédiable.

Et pourtant, l’instinct, sentinelle toujours en éveil, a essayé de donner l’alarme quand deux êtres qui ne sont pas faits pour aller ensemble se proposent de s’unir pour la vie.

Dans mille circonstances ils se sont sentis lointains, étrangers, incompris. Certaines