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ne soupçonnent pas les bassesses dont ils sont eux-mêmes incapables.


XXXV

Chaleur


L’ombre enfin descend sur la terre brûlée et séchée par la chaleur : des bouffées de vent chaud passent sur nous avec leurs rumeurs et leur parfum, et puis elles s’en vont ailleurs et plus une feuille ne bouge. Une fumée bleue et légère comme une fine mousseline adoucit tous les contours : c’est le repos, le silence, mais toujours cette chaleur torride qui accable les corps et les âmes !

Nous sommes livrés sans défense à ce qui déprime le corps et comme alors notre âme devient molle et sans ressort ! L’impatience l’agite, l’effort lui répugne, toutes les concessions plutôt qu’un geste de résistance, et ceux qui dépendent de nous, enfants, serviteurs, employés, profitent de cette inertie qu’ils devinent, et c’est la source de difficultés qu’une fermeté raisonnée et égale aurait pu éviter.

L’énervement et l’agitation d’une âme faible et peu maîtresse d’elle-même se communiquent à son entourage comme une maladie contagieuse : les petits surtout les sentent et les reflètent immédiatement.