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et tromperies, vous revivez le tout et votre cœur essaie en vain de ne pas croire à tant de duplicité.

La pensée que, pendant que vous lui prodiguiez les trésors d’une affection confiante, il vous jouait la comédie de la sincérité et de la vertu, est un venin qui empoisonne toutes vos relations d’amitié. Celui que vous aviez mis si haut était indigne de votre estime, les autres, tous les autres la méritent-ils davantage ?

Chez un grand nombre, ce doute engendre la dureté : les protestations les font sourire, les larmes ne les émeuvent plus : ils ne peuvent plus croire ! Comédie ! Comédie ! crie en eux leur chagrin, le bourreau qui refuse de les quitter et qui ne veut pas se taire !

Cette trahison pèse sur leur vie comme une malédiction qui la ruine et qu’ils n’ont pas méritée. Ils s’indignent de leur impuissance devant cette injustice, ils sont scandalisés des succès du traître qui, au dehors, continue ses mensonges et vole l’estime de ceux qui l’admirent. Parce qu’il n’a ni cœur, ni honneur, c’est lui qui est heureux ?

Ces réflexions sont les échos de tant de confidences entendues de tant de drames devinés ! Que nous en frôlons de ces douleurs dissimulées sous des sourires, de ces vies brisées sans que rien n’y paraisse aux yeux distraits.

Presque toujours les victimes des traîtres et des menteurs sont des êtres sincères, qui