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sur le mariage et le divorce

Melchior Cano. « La religion intervient », disait M. Trinquelague. C’est faux, puisque ni la bénédiction ni le conjungo ni la messe ne sont nécessaires. Les conjoints s’unissent sans le prêtre et par eux-mêmes. Le mariage des deux jeunes gens de Bruxelles en est la preuve. La bénédiction, le conjungo et la messe sont donc devenus de pure surérogation puisque, sous les inspirations modernes, on est validement marié sans eux.

Il résulte donc de tout ce nous venons de voir que l’on ne sait jamais à quoi s’en tenir dans le catholicisme sur ce qui est certainement vrai ou ce qui est certainement incorrect. On a une preuve péremptoire de cette assertion dans le fait que, quoique M. Trinquelague fût en désaccord évident avec les théologiens d’aujourd’hui, le clergé ne l’en a pas moins complimenté sans mesure sur son magnifique rapport, sur l’esprit profondément chrétien qui y régnait d’un bout à l’autre ; sur la flétrissure qu’il avait infligée aux athées, impies, qui méconnaissaient le caractère auguste du mariage religieux et voulaient conserver le divorce. Et au lieu de lui dire qu’il induisait les fidèles en erreur en contredisant ainsi formellement les théologiens, on lui adressait des éloges sans mesure et sans fin. M. Trinquelague regardait évidemment le prêtre comme ministre du sacrement, comme tous les catholiques du temps et l’immense majorité de ceux d’aujourd’hui. Et un an seulement après le rap-