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sur le mariage et le divorce

l’Église, ils décidèrent, non contre l’Église, mais emboîtant le pas derrière elle, que le sacrement n’existait plus au point de vue ecclésiastique puisque Liguori et d’autres théologiens avaient déclaré, du plein assentiment de l’Église, que les époux seuls étaient les producteurs et auteurs du sacrement à l’exclusion du prêtre, c’est-à-dire qu’il n’y avait plus de sacrement au sens propre du mot par le fait de l’Église elle-même !

Ce n’est donc pas le législateur qui a banni Dieu du sacrement. Il y avait longtemps que l’Église l’en avait banni en renonçant à la bénédiction, c’est-à-dire en plaçant le sacrement dans le seul consentement des conjoints quoiqu’ils n’eussent aucune mission soit de produire, soit d’administrer un sacrement, surtout à eux-mêmes !

Le législateur n’a donc fait — tout en riant sous cape sans aucun doute — que suivre l’Église dans la voie qu’elle lui avait ouverte en déplaçant le sacrement sans apercevoir la conséquence forcée de son acte. Cela montre tout simplement que l’on aurait grand besoin de retourner sur les bancs des lycées pour recommencer sa logique.

La masse aveugle ne voyait naturellement rien au petit jeu de l’Église, mais le législateur affranchi de sa férule a compris pourquoi elle avait changé de tactique. Il l’a vue cherchant à conserver un pied dans son ancien régime et glissant discrètement l’autre pied dans un régime nouveau, et il a compris