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les erreurs de l’église

Et non seulement la grosse masse s’y est laissée prendre, mais certains législateurs eux-mêmes — j’entends ceux soumis à l’Église — n’ont jamais vu, ou au moins, bien confessés comme ils l’étaient, n’ont jamais indiqué qu’ils comprenaient quelle importante volte-face elle avait faite. Et sous des rois et des parlements bien confessés aussi, on continua de regarder le mariage comme une institution religieuse ressortant nécessairement de l’Église quand l’Église elle-même effaçait en fait le côté religieux de l’institution. Elle allait à gauche en regardant à droite et personne ne voyait sa tactique.

Mais la grande Révolution apporta enfin la lumière dans la question. Les législateurs, dégagés des ignorances théologiques ou des ruses du probabilisme, comprirent que l’Église se moquait des fidèles en faisant prononcer un conjungo auquel elle avait clairement renoncé en principe en déclarant que la présence seule du prêtre, et non plus sa bénédiction, était nécessaire à la validité d’un mariage, et que le sacrement n’existait plus en réalité quand on le faisait consister dans le seul consentement des parties.

Des hommes comme Tronchet, Portalis, Malleville, Bigot-Préameneu virent d’emblée, dès qu’ils eurent étudié les définitions et les décrets de l’Église, qu’elle s’était lourdement trompée à Trente sur la question du mariage. Et comme on ne courait plus alors le risque de la prison pour oser penser autrement que