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les erreurs de l’église

XIV


Voilà donc qui est bien entendu. Ce sont les conjoints seuls qui produisent, qui sont les auteurs du sacrement. Eh bien ! puisqu’ils en sont les auteurs, les seuls ministres, que ce sont eux qui le produisent par eux-mêmes et sans que le prêtre y soit pour quoi que ce soit, qu’est-ce donc qui les empêche d’aller le produire là où ils veulent, devant l’officier civil comme devant le prêtre qui, lui, ne produit absolument rien ? Puisque les conjoints produisent seuls le sacrement et le produisent par eux-mêmes, ils en sont clairement les maîtres. Et puisque l’on admet que les conjoints sont les seuls ministres du sacrement comme de l’alliance ou contrat, de quel droit se plaint-on que ceux qui produisent par eux-mêmes le sacrement comme l’alliance aillent se les conférer où bon leur semble ?

La conception moderne du sacrement sans bénédiction du prêtre et sans cérémonie religieuse, nécessaires autrefois, détruit donc la prétention du P. Didon, que la cérémonie devant l’officier civil n’est qu’une formalité « sans conséquences réelles », et ne produisant que le concubinage. On comprendrait la prétention si la bénédiction du prêtre conférait le sacrement. Dans ce cas, on ne pourrait clairement se passer de lui. Mais du moment que sa bénédiction ne sert de rien, il est vraiment un peu