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les erreurs de l’église

purement extérieur et personnel par lequel les futurs conjoints s’unissent. Or comme pour tous les autres sacrements il faut un ministre qui confère et un fidèle qui reçoive, il suit clairement qu’il ne saurait y avoir véritable rite sacramentel là où l’administrateur et l’administré se confondent dans la même personne.

Il n’est pas inutile de remarquer ici que de l’aveu du cardinal Gousset la jurisprudence religieuse actuelle sur le mariage n’est que probable, donc nullement certaine. Le sentiment de la majorité des théologiens des trois derniers siècles est devenu plus probable que celui des théologiens antérieurs, qui était pourtant le plus probable alors puisque nombre de rituels le confirmaient. Il faut bien admettre que la jurisprudence ecclésiastique prend parfois de singulières allures. Mais l’Église a dû se décider à faire une petite volte-face quand elle s’est aperçue que sa position d’autrefois n’était plus tenable devant la philosophie du droit et alors la probabilité a dû changer de date. Rien de commode comme le système ecclésiastique quand on s’est trompé puisqu’on peut intervertir le probabilisme selon les circonstances. Malheureusement pour l’Église elle ne s’est pas aperçue à Trente que sa seconde position en jurisprudence canonique était encore bien moins tenable que la première. Quand le prêtre était regardé comme ministre du sacrement l’Église était logique avec elle-même. Quand elle l’a réduit au rôle de pur