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par prévaloir, il place sans doute l’essence du mariage dans le consentement librement exprime des parties, mais à la condition expresse que ce consen-

    de Paris qui disait à son interlocuteur comment les Jésuites avaient traité les congrégations qui, à la demande des évêques, avaient cru devoir se solidariser avec eux. Ce supérieur assurait en même temps que c’étaient les Jésuites qui avaient dénoncé le P. Didon. Eh bien vraiment, quand on a lu les conférences du R. P., où il montre tant de dévouement à l’Église, où il dit tout ce qu’il est possible de dire en faveur d’une cause, on se demande forcément quelle est réellement la compétence de ceux qui ne sont pas satisfaits d’une aussi magnifique défense au point de vue ecclésiastique. Si les démonstrations du rév. Père ont laissé à désirer ce n’est certes pas parce qu’il a mal défendu la cause, mais parce que les prétentions de l’Église sur le mariage sont insoutenables même en droit ecclésiastique. Au point de vue du droit naturel elles ne tiennent pas debout. Avec tout son talent le P. Didon ne pouvait changer la fausseté en vérité. La défense du P. Didon est irréprochable pour les catholiques. C’est seulement pour ceux qui envisagent la question au point de vue du droit naturel qu’elle ne l’est pas. Mais cela même aurait dû être un titre en sa faveur aux yeux de l’Église. Le R. P. n’a pas pu faire l’impossible : montrer, que l’Église a raison quand elle a tort, et on lui a donné sur les doigts pour ce grand crime. C’est justement comme autrefois avec Galilée. Le jésuite Inchofer reprochait violemment à Galilée de n’avoir pas donné en faveur de l’immobilité de la terre de plus fortes raisons qu’en faveur de son mouvement. La chose comportait pourtant d’assez graves difficultés, mais l’étrange et inepte exigence n’en devint pas moins l’une des raisons de la condamnation. Même chose avec le P. Didon. Il n’a pas pu démontrer que l’Église avait eu raison de faire du mariage un sacrement parce que cette prétention est insoutenable, tellement insoutenable que pas un seul théologien n’a pu la justifier et que les raisons même qu’ils donnent tournent contre eux dans leur propre système. Eh bien ! il était tenu lui aussi