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sur le mariage et le divorce

avons vu les théologiens sans cesse en conflit les uns avec les autres dans les explications qu’ils donnent de la jurisprudence ecclésiastique. La théologie, le droit canon, c’est toujours la jurisprudence de l’incertitude. Et par dessus tout cela vient le probabilisme qui nous informe que le catholique peut agir en sûreté de conscience sur l’opinion de docteurs graves et même d’un seul docteur grave. C’est parfait, mais quand les docteurs graves se contredisent comment diable trouver sûrement le chemin du ciel dans ce perpétuel conflit d’opinion chez des docteurs graves qui se moquent les uns des autres ?

Dominée par la seule logique des choses l’Église a enfin fini par comprendre que le mariage est avant tout une pure affaire de droit naturel. Mais il ne lui était plus possible de l’admettre explicitement. Elle a compris aussi qu’en pratique sociale il n’était pas possible à l’État d’admettre que le contrat disparût dans le sacrement, prétention qui conduisait à cette monstrueuse conséquence que les non-catholiques mariés seraient considérés comme vivant dans le concubinage. Enfin elle a vu qu’il lui fallait de toute nécessité faire une petite volte-face dans les définitions et les applications car si le mariage est un pur acte de droit naturel comment avait-elle pu en faire un sacrement au sens propre du mot ?

Prenez ses autres sacrements. Quel rapport ont-ils avec le droit naturel ? Aucun. Ils ressortent