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sur le mariage et le divorce

chevêque de Malines. Mais celui-ci répondit qu’il n’y pouvait rien lui non plus et que le mariage était valide et indissoluble devant l’Église.[1]

Il y a donc mariage légitime et valide sans bénédiction du prêtre, sans conjungo, sans cérémonie religieuse d’aucune sorte. Sur quel principe, encore une fois, traite-t-on le mariage civil de concubinage honteux puisque le consentement des conjoints est en fait le seul élément essentiel du mariage ? On ne croit donc pas un mot de ce qu’on dit pour agir sur

  1. Sous la loi civile, que l’on prétend si inférieure au droit canon, pareil mariage n’eût pu se faire car l’officier civil aurait forcément exigé l’état civil des deux mineurs et la production du consentement écrit de leurs parents. La loi civile ne se prétend pas supérieure au droit naturel dont elle n’est jamais que la reconnaissance et la consécration. Elle est bien autrement sage, en règle générale, que la loi ecclésiastique pour la simple raison qu’elle est basée sur le principe de justice et non sur le principe de la grâce. Mais l’Église se prétend la loi vivante et elle agit en conséquence. La loi civile exige le consentement des parents pour la publication des bans. Le droit canon, qui est ici comme toujours le faux droit puisqu’il ne part pas du principe de justice comme base fondamentale, maintient que le consentement des parents, même s’il s’agit d’enfants mineurs, n’est nullement requis. Le Parlement de Paris ne fut-il pas obligé, à la fin du XVIe siècle, de casser le mariage d’une petite fille de huit ans et demi mariée devant l’Église ? Il faut bien que l’autorité civile intervienne quand l’autorité ecclésiastique commet d’aussi énormes impairs. Le curé de Bruxelles et après lui l’archevêque de Malines ont déclaré valide un mariage qui ne pouvait l’être devant la loi civile puisqu’il n’y avait pas eu publication de bans. Est-ce que jamais un officier civil reconnaîtrait pareil mariage ? Voilà des cas à propos desquels il faut bien que le législateur mette l’Église à la raison.