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les erreurs de l’église

suit nullement qu’en pratique sociale et civile l’État ou les particuliers soient tenus d’accepter pareille décision. L’Église prétend être au-dessus de tout dans le monde. Il y a pourtant une chose qui est au-dessus d’elle, c’est le droit ou la justice. Prenez deux personnes qui ont été baptisées et qui, après étude, se sont convaincues que la vérité religieuse n’est pas chez elle. Elles ont renoncé au catholicisme. Eh bien ! sous l’ancienne jurisprudence civile ces deux personnes n’eussent pu se marier ensemble parce que l’Église faisait passer ses dogmes avant le droit naturel et parce que l’État avait la faiblesse, ou mieux la sottise, de se laisser contrôler par elle. Et aujourd’hui que l’État a enfin, après dix siècles d’esclavage moral, reconnu le droit naturel des individus de se marier sans l’Église, celle-ci, dans son fanatisme dogmatique qui ne montre que son ignorance des vrais principes du droit naturel, n’a pas assez d’anathèmes et d’injures à leur lancer. Mariés sous les dispositions d’une loi sage, quoiqu’elle en puisse dire, elle continue de les regarder comme concubins. C’est une monstruosité en simple bon sens, mais elle est forcée de traiter le bon sens en ennemi parce que nombre de ses règles sont la violation du bon sens.

Elle part d’une assertion qu’elle ne peut pas prouver, d’une assertion reconnue fausse aujourd’hui par ceux qui étudient les faits généraux de l’univers, pour établir sa doctrine sur le mariage. Restée ignorante