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les erreurs de l’église

vous unis… », il disait au contraire : « Que Dieu consacre et bénisse votre union. » L’orgueil ecclésiastique a changé tout cela, a mis le cœur à droite et le foie à gauche ; mais les principes ne disparaissent pas parce qu’on les méconnaît, et il vient toujours un temps où le vrai reprend ses droits, même en dépit des colères de l’Église.[1]

VI


Si le principe posé par l’Église dans son décret Tametsi du concile de Trente : que tout mariage


  1. Au moyen-âge les mariages se faisaient le plus souvent à la porte de l’église. C’est là que le prêtre recevait les futurs conjoints, c’est là qu’il prononçait les paroles sacramentelles. Puis il accompagnait les époux à la maison. Là il bénissait du pain qu’il mangeait avec les mariés. Puis on lui apportait du vin qu’il bénissait également et buvait avec eux. Le plus souvent il bénissait de suite le lit nuptial pour qu’aucun démon ne pût venir méchamment nuire à la consommation du mariage. Voilà pourquoi on regardait la bénédiction du lit nuptial comme une cérémonie indispensable. Le concile de Reims de 1558 ordonne qu’elle se fasse aussitôt que possible après le mariage. On regardait le mariage comme indissoluble dès que les paroles sacramentelles avaient été prononcées par le prêtre en donnant sa bénédiction aux conjoints. On aurait bien ri alors de la prétention moderne que les conjoints s’administrent à eux-mêmes le sacrement. On regardait le prêtre comme conférant le sacrement en vertu de son ordination, qui le rendait ministre de ce sacrement comme de tous les autres. On avait alors véritablement le mariage religieux. Aujourd’hui le prêtre n’est plus ministre du sacrement, sa bénédiction ne signifie plus rien, et on prétend toujours avoir le mariage religieux ! Logique ecclésiastique !