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sur le mariage et le divorce

le monde laïque était plongé dans la « crasse ignorance » que constate Fleury, personne ne douta que Nicolas eût raison d’affirmer que depuis son origine l’Église avait eu souveraine juridiction sur le mariage. Et c’est ainsi que depuis Lothaire, toutes les questions matrimoniales ont été réglées en fait par les fausses décrétales : celles attribuées aux évêques Anaclet ier, Évariste, Calixte ier, Fabien, Jules ier, etc.

Mais ce qui reste vrai c’est que sous les empereurs romains l’Église n’a jamais connu des questions matrimoniales ; que pendant trois siècles, c’est-à-dire jusqu’au concile d’Elvire de 305 ou 306, il n’existait pas d’autres empêchements au mariage que ceux qu’elle avait trouvés dans la Bible ou ceux décrétés par les empereurs, et que sous Childebert l’État lui fait une concession dont on argue plus tard pour la modifier en droit de juridiction exclusive. Même chose sous Charlemagne. L’État s’associe l’Église sur les questions matrimoniales et celle-ci, 30 ans plus tard, représente une simple concession comme une reconnaissance de son prétendu droit primordial. Et qui plus est, elle ne peut le faire qu’en s’appuyant sur un document faux ! Il est certain au-

    a déclare vérité cette fausseté certaine. La fausse décrétale attribuée à l’évêque Évariste n’est que risible. Et celle attribuée à l’évêque Calixte ier ne montre que la grossière ignorance de son inventeur. On ne conçoit pas qu’un homme de la valeur de Nicolas ier ait osé se servir de pareils documents. Le jugement de la postérité ne le préoccupait guère.