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sur le mariage et le divorce

étrangère.[1] Après une longue patience de la part de l’épouse une séparation eut lieu. Peu de temps après le mari se fit catholique et il y a quatre ans, par l’autorité de quelques ecclésiastiques romains, et dans une église catholique romaine anglaise, il célébra un autre mariage avec sa compagne de désordre. Un haut fonctionnaire ecclésiastique l’informa subséquemment qu’il devait obtenir une décision de Rome. Il en fit la demande et on rendit la décision que le premier mariage était nul et le second valide.

En même temps la femme délaissée s’adressa à la cour — le tribunal civil — pour faire déclarer sa position régulière. Elle fut déclarée seule femme légitime et le mari bigame admit qu’elle l’était aux yeux de la loi anglaise. Celui-ci avait emmené dans l’héritage paternel, dans le comté de… — sujet à la juridiction de la loi anglaise — cette deuxième femme, l’y avait introduite comme sa femme légitime et avait demandé qu’on la regardât comme telle, le tout au grand scandale des voisins qui connaissaient parfaitement sa vraie femme. Il fit aussi enregistrer comme légitimes les enfants qu’il avait eus de la seconde. Et un témoin des faits affirma que cette femme recevait des visites au domicile de son mari et était traitée et admise comme femme légitime par des prêtres catholiques et des sœurs de charité.


Voilà ce que l’Église appelle veiller sur les bonnes mœurs : permettre à un homme d’abandonner sa femme et ses enfants, après plus de vingt-cinq ans de cohabitation constante, pourvu qu’il entre dans la vraie religion !

  1. Il s’agit ici d’une femme qui n’était pas de nationalité anglaise : a foreigner.