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sur le mariage et le divorce

prime celui de l’Église, on n’encourageait pas directement les mauvaises mœurs. Cet encouragement à l’immoralité le clergé s’en rend coupable quand il permet à un converti d’abandonner sa femme pour en prendre une autre. Il n’y a pas de saint distinguo qui puisse prévaloir ici. Dans le cas de Padova la sainte Curie a justifié un enlèvement d’une femme mariée par un célibataire et a permis que l’on volât ses enfants au père. Et cet exemple est loin d’être le seul. Voici donc ce que raconte Edmond About. (Je me permets seulement d’abréger le récit).

Padova était marié selon le rite juif avec une juive. N’étant pas même chrétien, comme le protestant, le Juif n’est pas plus sous le contrôle de l’Église que l’infidèle. Je ne veux certes pas admettre de près ni de loin que le protestant soit le moins du monde sous la dépendance de l’Église ou du pape, mais ils se donnent la fantaisie de le prétendre ; autre preuve de la compétence du prêtre dans tout ce qui touche aux droits de la conscience.

Madame Padova, qui était très belle, se laisse enlever par un célibataire, catholique très riche, et abandonne son mari, mais emmène ses enfants. Padova réclame car ils étaient régulièrement mariés. Mais les illustres membres des saintes congrégations l’envoient paître à titre de Juif parce que Mme Padova s’était convertie et mariée à son ravisseur. Celui-ci connaissait le système, savait que sous couleur de religion il autorise quelquefois de grandes