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les erreurs de l’église

joints se fait catholique ! Où est son droit et devant Dieu, dans son système, et devant les hommes en simple justice, de refuser de reconnaître chez les protestants ou les Israélites un mariage régulier dont il sera issu plusieurs enfants ?

On répond à cela qu’il n’y a pas de sacrement en dehors de l’Église, ni de mariage valide hors de la présence d’un prêtre.

Eh bien ! cette réponse constitue une ignorance et une jésuiterie tout ensemble. Quoi ! l’Église elle-même affirme que ce sont les parties seules qui produisent le sacrement, nullement le prêtre, et on dit qu’il n’y a pas eu sacrement, parce qu’il n’y avait pas de prêtre ! Mais comprenez-vous donc vous-mêmes ! Comment ! Vous vous égosillez à dire que le contrat et le sacrement ne font qu’un ; que le sacrement c’est uniquement la libre volonté des parties ; que les contractants seuls sont les ministres du sacrement ; que ce sont « les parties elles-mêmes qui s’administrent à elles-mêmes le sacrement » ; et puis, tiens ! sans le prêtre, qui n’est pas ministre du sacrement, il n’y a pas eu sacrement ! Votre propre définition vous force d’admettre le sacrement comme l’alliance, même hors de chez vous, puisque le consentement seul des parties produit le sacrement. Vous ne pouvez sortir de là qu’en vous rejetant sur le distinguo que là où il n’y a pas eu baptême il ne peut y avoir sacrement. Admettons-le pour les Juifs. Mais pour les protestants, qui ont été baptisés, il y a donc sacrement