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sur le mariage et le divorce

valide sans aucune cérémonie religieuse parce que le mariage gît exclusivement dans le consentement des parties. Puisqu’elle fait abstraction de ses cérémonies et qu’elle reconnaît de fait — tout en prétendant le contraire — que le contrat est de droit naturel et non ecclésiastique, sur quel principe peut-elle repousser le divorce ? Le prêtre n’étant plus ministre du sacrement, ce n’est donc plus Dieu, dans son propre système, qui unit les parties. Puisqu’elles s’unissent d’elles-mêmes et par elles-mêmes elles peuvent donc se désunir quand des raisons suffisantes surgissent. L’Église s’est donc ôté à elle-même, en déplaçant le sacrement, sa plus forte raison d’autrefois contre le divorce. Puisque Dieu n’est plus là par le prêtre ministre du sacrement les époux ne sont pas unis par lui. Ils peuvent donc séparer ce que Dieu n’a pas uni.

La contradiction de l’Église ne saute-t-elle pas aux yeux ?

Non ! On n’a vraiment pas le droit de prétendre à la direction morale du monde quand on se montre si incapable de raisonner juste tant sur les origines du système et ses conséquences que sur les plus simples règles de justice et de morale, et enfin quand on se met ainsi sans cesse en contradiction avec soi-même.

Prenons un autre point de vue de la question. Un jeune homme et une jeune fille se marient. Au bout de deux ou trois ans de ménage le jeune homme se