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les erreurs de l’église

Veut-on voir maintenant à quels éloquents sophismes le R. P. a recours pour justifier le point de vue de l’Église ?

« Femme ! ton mari t’a trompée, trahie, réduite à l’infamie ! Mais l’infamie ne t’atteint pas ! »

Sans doute l’infamie ne l’atteint pas. Et c’est déjà une inconcevable erreur d’appréciation des choses que d’affirmer qu’elle, innocente, soit réduite à l’infamie. Comment la honte du mari peut-elle atteindre la femme qui n’a pas failli ? Mais si le mari l’a abandonnée, réduite à la mendicité avec ses enfants, que doit faire la pauvre femme ? Voyez !

« Femme ! qu’est-ce que tu as à faire ? Si tu crois à la fidélité indissoluble du contrat, prends ta robe de deuil, car ton mari n’est plus ; il est mort ! Si tu as des enfants la question ne fait pas doute. Mais si tu n’en as pas, prends tes habits de deuil, infortunée victime des fatalités et de la Providence qui permet les épreuves ! Prends tes habits de deuil et va mourir sur le bûcher de la fidélité conjugale ! Sois une héroïne ! »

Voilà qui est très beau comme mouvement d’éloquence. Mais sont-ce là des conseils sensés ? Eh non ! Au point de vue pratique des choses, point de vue dont on n’a pas le droit de ne pas tenir compte ; au point de vue surtout des droits de la femme d’un pareil mari, ces éloquentes phrases n’ont pas le sens commun. C’est du pur verbiage théologique, du raisonnement en barbara et en baroco substitué à