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les erreurs de l’église

suffisantes pour justifier l’annulation d’un lien déjà brisé en fait par la conduite immorale ou monstrueuse de l’un des conjoints. La théorie ecclésiastique de l’indissolubilité absolue n’étant que de droit ecclésiastique, le dogme doit ici céder le pas au droit de la partie lésée. La justice est au-dessus de tout dans le monde car chez elle seulement se trouve « l’absolu dans le bien ». Et si un dogme ordonne, conseille ou tolère une injustice, c’est la meilleure preuve qu’il n’est pas la vérité. Rien ne peut tenir devant la nécessité de rendre justice à ceux dont le droit est violé. « La justice est de soi une religion plus haute que les dogmes qui la violent. » Quand le R. P. nous assure, page 25, qu’en matière de mariage le droit naturel est conforme à la religion et à l’évangile, il affirme une chose qu’il peut difficilement croire vraie : 1o parce que la religion telle qu’entendue par son Église commande des injustices criantes envers les parties lésées ; 2o parce que son Église a mis douze siècles à asseoir sa doctrine définitive sur le mariage ; 3o parce que cette doctrine n’était pas la même au XIIIe siècle qu’aujourd’hui ; 4o enfin parce que dans ses évangiles il existe une cause de dissolution qu’elle n’a refusé de reconnaître qu’en donnant un soufflet à son fondateur. Ainsi quand l’Église vient affirmer, malgré Jésus, l’indissolubilité absolue, il faut bien que la loi civile, qui l’a corrigée avec raison sur tant de choses, la corrige encore sur le principe faux qu’elle pose dans