Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
les erreurs de l’église

briser dans certains cas exceptionnels, c’est raisonner en sectaire et non en homme sensé qui a su se mettre un peu de logique dans l’esprit.

Si au lieu d’affection, de sympathie et de douceur dans les relations, de complaisances réciproques, de fidélité mutuelle, de protection, un conjoint ne cause plus au bout de quelques années qu’ennuis de toutes sortes ; s’il n’a plus pour sa femme que paroles blessantes, mauvais traitements, haine, perfidies ; si la cohabitation devient un enfer de tous les jours ; si le mari entretient des femmes dans sa propre maison ; s’il communique d’infâmes maladies à sa femme — et à ses enfants par suite de l’allaitement — peut-on prétendre que même dans ce cas le lien reste indissoluble et que la femme est enchaînée pour toujours à cette bête brute ? Comme on voit bien ici les procédés de raisonnement de la foi à qui il est impossible de raisonner juste ! Le droit ecclésiastique peut-il annuler le droit naturel ? Mais le R. P. lui-même assure que non. Or, de droit naturel, l’indissolubilité absolue n’existe pas. Elle n’est que de droit ecclésiastique. C’est surtout en vue du bon ordre social qu’on a prononcé l’indissolubilité. Mais aucun homme sensé, non aveuglé par un système, ne peut prétendre qu’il ne saurait jamais y avoir d’exception à une règle ou à une loi. Et cette exception surgit, et doit surgir, quand le droit d’une des parties au mariage est violé dans ce qu’il y a d’essentiel. Ici le bon ordre exige que le lien soit brisé.