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les erreurs de l’église

sans les droits et les devoirs mutuels qu’il avait créés, elle commet évidemment une tyrannie monstrueuse contre la partie innocente. Le rituel de Soissons, rédigé par des hommes très éclairés qui se rendaient compte de l’injustice commise, admettait le mariage en faveur de la partie innocente. Le bon sens l’exigeait autant que la justice. Mais comme toujours l’Église, à laquelle ses propres dignitaires présentent l’idée juste, détourne la tête et adopte la fausse ! Constamment on la voit méconnaître le principe de justice. Est-ce que l’Église a le droit de faire une injustice à qui que ce soit, même sur une considération dogmatique ? De qui donc a-t-elle reçu le droit d’être injuste ? Qu’elle se décide donc enfin à appliquer au mariage le principe de justice au lieu du principe de grâce, et elle se montrera bien autrement infaillible qu’en décrétant l’injustice au nom de Dieu !

XLIII


Non ! Ce qui est vrai, c’est que la séparation a tous les inconvénients du divorce sans aucun de ses avantages ; c’est qu’elle sépare autant que le divorce ce que Dieu, dit-on incorrectement aujourd’hui, a uni ; c’est enfin que la séparation constitue toujours une injustice contre la partie innocente. Or une injustice est une immoralité ! Et la gardienne de la morale n’en devrait pas montrer l’exemple. Ce qui est incontestable encore c’est que la séparation jette dans l’immoralité ceux que le divorce pousserait dans une