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sur le mariage et le divorce

Le principe du mariage est que les époux se créeront une famille, supporteront ensemble les misères de la vie commune comme ils en partageront les joies, se devront fidélité réciproque et se donneront mutuellement aide et protection. Toutes ces obligations cessent par le seul fait de la séparation, surtout le principal devoir, dans le système, qui est la procréation des enfants. Or dès que ce devoir et tous les autres deviennent caducs, l’objet du mariage est détruit, comme son principe, et la conservation d’un lien brisé de fait devient un pur non sens, un véritable mensonge à la situation. Et pis que cela, puisque le droit naturel de la partie innocente est violé ! Et pis que cela encore puisque dans la séparation la partie innocente est punie au même degré que la partie coupable. Ici comme partout et toujours l’Église montre qu’elle ne comprend rien à l’application du principe de justice. En continuant d’imposer le lien

    trent à eux-mêmes — non pas l’un à l’autre, mais chacun d’eux à lui-même, voilà où le talent ecclésiastique a su aboutir — ce n’est donc plus Dieu qui les unit par le ministère du prêtre. Ils s’unissent eux-mêmes et par eux-mêmes, sans le moindre rapport avec la prétendue action divine puisque le prêtre n’est plus là comme ministre du sacrement. Quand on a eu décidé que le prêtre n’était pas ministre du sacrement de mariage — quand il l’est de tous les autres — le mot Quod Deus conjunxit cessait d’être applicable. Et on ne s’est pas aperçu, à Trente, de la grosse inadvertance que l’on commettait en continuant de l’appliquer ! Et c’est toujours ainsi. Le système trébuche à tout instant sur les plus risibles inadvertances. Pourquoi ? Parce que la foi qui ne raisonne pas fausse fatalement l’esprit.