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sur le mariage et le divorce

de lire. L’Église s’emparait par là définitivement de l’institution qu’elle faisait ainsi ressortir du seul droit ecclésiastique, la soustrayant complètement à l’autorité du pouvoir civil. Et pourtant s’il est quelque chose de certain en droit et en saine philosophie des choses, c’est-à-dire en simple justice non contrôlée et déviée par le dogme, c’est que le mariage ne peut dépendre que de l’État, puisqu’il est fondamentalement de droit naturel et que l’État seul peut régler et imposer la solution des cas difficiles. En quoi cela empêche-t-il ceux qui y reconnaissent un sacrement de faire consacrer leur union par l’Église ? Mais de ce que celle-ci a voulu faire exclusivement religieuse une institution essentiellement sociale et civile suit-il qu’il faille annuler l’élément laïque de l’institution pour lui faire plaisir ?

Sur aucune question l’Église n’a montré plus d’incompétence et de déraison que sur celle du mariage, allant jusqu’à tomber dans les contradictions les plus étonnantes sur la question même du sacrement ; donnant d’abord le prêtre comme ministre du sacrement en lui faisant donner la bénédiction aux époux et lui faisant prononcer le conjungo ; et depuis le XVIe siècle affirmant au contraire qu’il n’est plus ministre de rien du tout !

Pie ix a même cru devoir taxer d’ignorance ceux qui prétendent que le mariage est une institution de pur droit naturel et civil. Dans son allocution consistoriale du 22 septembre 1852, voici comment il s’exprime :