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les erreurs de l’église

elle a détourné la tête, n’a pas voulu comprendre. Son erreur ici, comme sur tant d’autres sujets, a été de vouloir toujours régir une question de pur droit naturel d’après ses dogmes ; de confondre, mêler ensemble, très maladroitement quelquefois, le spirituel et le temporel. Là où il y avait pure question de justice envers les parties, elle venait imposer son dogme qui devenait le plus souvent dans la pratique la négation du principe de justice. Et quand on suit d’un peu près sa tactique on voit à l’évidence qu’elle n’est arrivée là qu’en s’étourdissant elle-même de ses propres sophismes.

Au reste, elle a mis bien des siècles à s’emparer définitivement de la question du mariage. Sous l’empire romain il n’était pas question des prétentions qu’elle a émises quand elle fut devenue puissante. Le concile d’Arles de 314, composé de 600 évêques et abbés, ne fait que conseiller aux époux séparés pour cause d’adultère de ne pas se remarier, mais n’en fait aucunement la défense. Onze ans plus tard, le concile de Nicée ne blâme en aucune manière la législation romaine sur le divorce. Constantin d’ailleurs, qui surveillait et dirigeait le concile, ne lui eût pas permis de se mettre en conflit avec la loi. Les trois grands conciles suivants : Constantinople, 381 ; Éphèse, 431, et Chalcédoine, 451, ne se préoccupent pas de la question du divorce. Elle était abandonnée à la loi civile. Pendant tout le IVe, le Ve et le VIe siècles, la législation civile règle seule les questions matri-