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sur le mariage et le divorce

de la raison, se trouve par cela même obligé, sur nombre de questions, de se placer au-dessus du bon sens. Mais se mettre au-dessus du bon sens équivaut exactement à sortir du bon sens. Voilà pourquoi un si grand nombre de conciles et de papes ont dit et fait des choses qui ont mis le bon sens tout en larmes.

Ainsi quand l’Église, après avoir hésité seulement quelques siècles, tout infaillible qu’elle fût, sur ce qu’elle avait à faire, a fini par décider que quelques torts que pût se donner l’un des époux, quelques immoralités, quelques brutalités qu’il pût commettre, l’autre conjoint lui était rivé pour toujours, elle se mettait clairement hors du bon sens des choses. Prétendre qu’un époux ne pouvait se donner de torts tels que la continuation du contrat devint impossible, c’était l’équivalent de rayer d’un trait de plume les mauvais côtés et les mauvaises passions de la nature humaine. Est-ce qu’il n’y aura pas toujours des hommes égoïstes, injustes, autoritaires, tyrans dans leur intérieur, cyniques dans leurs exigences et de mœurs brutales ou honteuses ? Il faut clairement trouver un remède à certaines situations et malheureusement le seul remède offert par l’Église, la séparation, empirait le mal au lieu de le corriger. Et il y a plus. Empêtrée dans son dogme, l’Église a toujours méconnu l’obligation de la justice envers la partie souffrante ou maltraitée. Quelques-uns de ses conciles, nombre de ses hautes intelligences, lui ont montré le vrai sur les questions de justice dans le mariage, mais