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sur le mariage et le divorce

peut les punir. Avec elle il y a une sanction au devoir, à l’obéissance à la loi. Avec l’Église il n’y en a aucune. Elle ne se sort de son prétendu droit primordial que pour obliger le père d’imposer ses dogmes à ses enfants. Mais s’il les maltraite cela ne la regarde plus car elle ne peut les protéger, ce que fait l’État. Comment, d’ailleurs, laisser le contrôle absolu sur le mariage à une institution qui pose en principe divin la prodigieuse prétention qu’elle a le droit d’enlever les jeunes enfants à leurs parents, ce qu’elle a fait pendant 60 ans sous Louis XIV et Louis XV, ce qu’elle a fait en nombre d’occasions en Italie, en Espagne, au Portugal, en Hongrie ?

II


D’ailleurs, son plus grand écrivain, saint Thomas, lui a donné la plus parfaite définition possible du mariage comme institution sociale et religieuse, mais elle a fini par la repousser, voulant faire l’institution exclusivement sienne.[1]

  1. Ce n’est qu’au xiie siècle que le nombre de sacrements a été porté à sept et fixé définitivement au ive concile de Latran, en 1215. Pour Tertullien il n’y avait que deux sacrements. Chrysostome aussi ne parle que de deux sacrements. Saint Augustin dit que Jésus n’a institué que deux sacrements : le baptême et l’eucharistie. Néanmoins il parle ailleurs de l’extrême-onction, de l’ordination, du mariage, comme de vrais sacrements, mais il ne les fait pas remonter à Jésus. Malgré ce dernier point de vue de saint Augustin, saint Isidore de Sé-