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les erreurs de l’église

qui décrétait l’antériorité du mariage civil, il cita un rapport de M. Capelli, procureur du roi, qui constatait qu’en 1876, dans la seule province de Rome, huit cent quatre-vingt-quinze mariages avaient été célébrés par l’autorité ecclésiastique et n’avaient pas été subséquemment sanctionnés par l’autorité civile. Si le clergé était aussi ami de la morale, du bon ordre public et de la paix des familles qu’il le prétend, aurait-il exposé un aussi grand nombre de familles aux plus navrantes conséquences ? Voilà peut-être plusieurs milliers d’enfants qui auront été bâtards aux yeux de la loi ! Est-ce que la plus simple notion de devoir n’aurait pas dû engager la Curie à faire cesser pareil abus ? Les plus déplorables perturbations ont dû surgir dans les affaires de certaines familles et dans les droits des enfants ; nombre d’orphelins ont dû être dépouillés ; leurs biens ont dû passer à des collatéraux ; les plus odieuses injustices ont dû se produire, des procès sans fin en être la conséquence, des haines inextinguibles se perpétuer ; et toutes ces graves considérations n’avaient aucun effet sur ces vieux célibataires empourprés qui se sont à la longue momifiés dans leurs théologies et sont devenus les fossiles de l’ordre intellectuel !

Dès 1875, quoique la loi ne fût pas obligatoire, l’archevêque de Milan avait donné instruction à son clergé de n’accorder la cérémonie religieuse qu’aux personnes déjà unies civilement. L’archevêque de Naples suivit cet exemple deux ans plus tard. Et en