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sur le mariage et le divorce

de l’Église elle-même. Il est la condition nécessaire de l’organisation des sociétés puisqu’il crée la famille, base unique de toute société, civilisée ou non. Or l’organisation des sociétés, la régularisation et l’agencement correct des éléments qui les composent, sont clairement du domaine de l’État. De quoi se compose la société ? De familles. Rien donc de plus essentiellement civil que la famille et son mode de formation. Donc le mariage ne peut être qu’une institution exclusivement civile en principe. Le mariage est un contrat basé sur le seul droit naturel. Il ne peut donc relever que de la loi civile. Le faire relever exclusivement de la loi ecclésiastique constituait une usurpation des droits des parties et de celui de l’État, à qui seul appartient l’organisation légale de l’institution. L’État seul peut régler les rapports légaux des époux et surtout donner une sanction aux dispositions de la loi, c’est-à-dire en rendre l’observation obligatoire, ce que l’Église ne peut pas faire. L’État seul a donc le droit de décréter les empêchements naturels ou de bon ordre social au mariage car seul il peut les faire respecter.

La législation de l’Église sur le mariage ne forme qu’un tissu de contradictions d’une époque à une autre, quelquefois une série d’erreurs étonnantes, et elle a souvent imposé des tyrannies morales odieuses. Elle a autorisé et même commandé à propos du mariage des monstruosités en morale, comme nous le