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les erreurs de l’église

tat celui-ci ne pouvait plus laisser les mariages des dissidents à la merci du prêtre qui les voyait avec défaveur, ne leur reconnaissait aucun droit devant l’Église, et ne leur avait épargné aucune espèce d’avanie tant qu’il avait été le maître. Les droits des familles ne peuvent être subordonnés aux rivalités de sectes. L’état civil des enfants ne peut dépendre de leur baptême ni du mariage de leurs parents devant l’Église. Par le seul fait qu’ils vivent les enfants ont un état civil naturel que l’État doit leur garantir quelque soit le culte de leurs parents. Celui qui conteste cela est un sectaire borné ou fanatique et non un homme sensé et chrétien.

Et n’oublions pas que c’est par ruse et en violation de la loi que le clergé s’était emparé de l’état civil en France. L’ordonnance de 1579, qui avait admis quelques-unes des décisions du concile de Trente sur le mariage, avait néanmoins décidé, tant cette nécessité paraissait déjà évidente, qu’un fonctionnaire laïque devrait être partie à l’acte du ministre du culte. Mais le clergé réussit à arranger les choses pour la plus grande gloire de Dieu et sut évincer le représentant de l’autorité civile.

Tant que le prêtre a eu l’état civil il était d’une arrogance parfaitement exaspérante à l’égard de ceux qui n’appartenaient pas à son culte. C’est le clergé qui s’est opposé avec fureur pendant plus de deux siècles à ce que les protestants de France eussent un état civil, témoins les assemblées de 1750, 1755, 1760, 1765,