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sur le mariage et le divorce

Toutes les grandes raisons que l’on donnait autrefois pour empêcher ces mariages n’avaient donc rien de sérieux, puisque, pour faire échec à la loi, on les autorise avec diminution notable de la somme auparavant exigée pour les dispenses. Est-ce l’État qui est puni par ces petites niches faites à la loi civile ? Qu’est-ce que cela lui fait ? La seule conséquence de l’inintelligente tactique de certains évêques sera que si ces enfants laissent des biens les collatéraux pourront en hériter au préjudice des enfants. Eh bien ! voilà des hommes que tôt ou tard les gouver-

    direction aux esprits. L’affaire fut portée à Rome où l’on donna gain de cause aux deux archevêques. Le clergé ne devait plus porter en chaire la discussion des questions politiques. Le Vatican est prudent quand ses intérêts l’exigent. À la suite de cette décision l’évêque de Montréal donna sa démission, mais en raison de son grand âge, de son long épiscopat, et des sommes considérables dont il avait doté le denier de Saint-Pierre, on le nomma archevêque in partibus.

    C’est à son sujet que le cardinal Barnabo, ancien préfet de la propagande, avait dit le mot charmant que voici. Dans une discussion qui avait lieu en sa présence au sujet de l’évêque de Montréal, qui était alors en conflit assez ardent avec le séminaire de Saint-Sulpice de Montréal (succursale de la maison de Paris), un des interlocuteurs dit au cardinal : « Oh ! que V. E. veuille bien remarquer que je ne conteste pas que Mgr de Montréal ne soit un bien saint homme. »

    — « Mon cher M. R…, répondit le cardinal, qui trouvait l’évêque un peu trop militant, je vous avouerai franchement que j’aime mieux les saints morts que vivants car ceux-ci sont presque toujours des gens parfaitement impraticables. »

    Pour un cardinal c’était bien un peu dire : Faut des saints mais de la bonne espèce.