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sur le mariage et le divorce

le prêt à intérêt, on se verra obligé de prononcer de nouveau le non sunt inquietandos. Mais on aura bien soin comme toujours d’arriver un siècle ou deux trop tard et la concession tardive n’excitera plus que le sourire général.

En attendant que cet avenir inévitable se réalise on s’ingénie à inventer mille petites ruses qui ne font de mal qu’à ceux qui croient au prêtre. Ici on marie clandestinement les gens, et il faut que les tribunaux fassent la leçon aux évêques. Là on marie ceux dont la loi ne reconnaît pas l’union. Pour jouer pièce à la loi civile on excite quelques bonnes âmes à la procréation d’enfants qu’elle ne reconnaîtra pas et on est bien sûr d’avoir glorifié Dieu. Les familles vont se trouver dans des situations légales fausses, impossibles, mais qu’est-ce que cela fait quand un évêque a donné un soufflet à la loi ?

Au Bas-Canada ou province de Québec, par exemple, où l’élément français catholique est en immense majorité et le clergé presque tout puissant, l’état civil est encore entre ses mains, mais le code civil, promulgué il y a un peu plus de quarante ans, ne reconnaît pas les mariages entre oncle et nièce ou beau-frère et belle-sœur. Or l’Église prétendant qu’elle seule a le pouvoir de définir les empêchements de mariage et de les juger, les évêques en infèrent que le code civil du Canada se mêle de ce qui ne regardait pas le législateur, et quelques-uns d’entre eux se sont mis à marier les oncles et les