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les erreurs de l’église

mes qui n’ont aucune notion de droit, s’est établi partout, s’est définitivement logé dans les codes, et avant la fin du siècle tous les pays catholiques vont probablement l’avoir adopté car là seulement est le bon sens. Comme d’habitude, à la vue du moindre progrès dans les idées, on criera à fendre les montagnes, et puis il viendra un temps où, comme sur

    sure voulue. Mais la Restauration, contrôlée par le prêtre, a replacé le pays dans le faux en abolissant le principe du divorce. Heureusement, et malgré des réclamations furieuses, on avait laissé l’état civil aux mains de l’État. Mais en abolissant les articles du code sur le divorce, le législateur, dominé par le confesseur, avait rétabli toutes les injustices sociales qui découlent forcément du faux système de la séparation de corps, bien autrement immoral en fait qu’un système de divorce suffisamment étudié et mûri. Au fond le système de la séparation n’est qu’un trompe-l’œil, une hypocrisie, pendant que le divorce bien réglé rend les situations nettes pour tous les intéressés, les enfants comme les parents. La loi actuelle du divorce n’est pas encore parfaite, et cela est dû en grande partie aux hésitations, aux craintes mal fondées, et même aux préjugés enracinés de longue main dans un pays par les faux points de vue ecclésiastiques. Mais le divorce ne s’obtient pas facilement et le grand pas est fait. L’Église est battue, refoulée dans son domaine sur une question qu’elle avait réussi à faire exclusivement religieuse en contradiction formelle de sa pratique et de ses admissions pendant neuf siècles et demi. La souveraineté de la loi est de nouveau consacrée de même que le principe de la nature essentiellement sociale et civile du mariage. Quand on est forcé de partir, pour présenter le mariage comme une institution religieuse, de l’assertion que Dieu l’a organisé dans les personnes d’Adam et d’Ève qui n’ont jamais existé, c’est vraiment à tirer les larmes à l’époque où nous sommes. Espérons que la défaite de l’Église est définitive sur la question comme sur tant d’autres.