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sur le mariage et le divorce

domination sur les esprits, et surtout dans son étonnante ignorance des principes recteurs de l’institution du mariage, fait une question exclusivement religieuse. Et le monde formé par elle a cru pendant des siècles, et croit encore en grande partie, à la rectitude de ses définitions. Mais dès que les légistes les ont eu examinées avec la maturité voulue et en se dégageant des fausses notions qu’elle imposait au monde, ils sont forcément arrivés à la conclusion que l’Église n’avait fait que se tromper sur cette grande question, et par là même induire en erreur les sociétés qui croyaient en elle.

Que l’Église puisse revendiquer l’honneur d’avoir affirmé et consacré plus fortement qu’on[1] l’avait fait avant elle — excepté toutefois dans l’Inde antique — le principe de la perpétuité du mariage, cela est vrai et je ne veux pas lui chicaner cet honneur. En affirmant la perpétuité du lien elle a infiltré une idée moralisatrice dans les sociétés humaines. Elle a eu aussi le grand mérite de faire disparaître cette monstrueuse pratique de la vente de la femme. Encore une idée moralisatrice à son avoir. Mais de là à dire que l’Église fait le mariage, ou qu’il n’y a pas

  1. Je retranche la négation qui est une exigence de l’usage, mais souvent une faute contre le bon sens. Jamais les étrangers qui étudient le français ne peuvent se rendre raison de l’emploi de la négation dans certaines phrases, et il est impossible de leur faire comprendre pourquoi on s’en sert.