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les erreurs de l’église

c’est que l’on consacrait, à propos même des causes nullement radicales de nullité décrétées par l’Église, le principe de la rétroactivité, séparant non seulement les époux qui avaient longtemps cohabité ensemble et s’étaient créé une famille, mais déclarant bâtards des enfants innocents dont les parents étaient loyalement mariés devant Dieu mais qui cessaient de l’être aux yeux de l’Église pour une cause qui leur était inconnue, comme par exemple le fait de parenté au 7e degré. Déclarer nul un pareil mariage où les parties étaient innocentes, puisqu’elles n’avaient pas sciemment violé une cause sérieuse de nullité, constituait une vraie monstruosité en droit, mais l’Église comprenait encore bien moins le droit alors qu’aujourd’hui. En pareil cas rien n’empêchait une simple régularisation de la situation mais on n’en eût pas tiré autant d’argent. Voilà pourquoi on commençait d’abord par séparer les époux innocents de toute faute, et avant de pouvoir se remettre ensemble ils devaient satisfaire la rapacité de l’official. Voilà comment on respectait le principe de l’indissolubilité ! Sous les moindres prétextes on séparait les gens afin de leur tirer de l’argent.

Ainsi dans le seul but d’affirmer la juridiction et la suprématie absolue de l’Église en tout ordre d’idées on commettait sans cesse les plus criantes injustices et même les plus graves immoralités, brisant les familles pour les raisons les plus légères et quelquefois les plus absurdes en droit naturel, et on