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sur le mariage et le divorce

tement est nécessaire. — Ce consentement est-il vraiment libre quand on lui représente au confessionnal que si elle ne consent pas à sa propre séquestration le salut de son mari et peut-être le sien propre seront compromis ; quand on lui affirme au nom de Dieu que toutes considérations doivent céder devant le désir de son mari de se faire prêtre ? Mais quand on se passait de son consentement le cas n’était-il pas bien autrement cruel ? Si les pauvres femmes abandonnées avaient toujours eu affaire à des confesseurs sensés et éclairés, partant toujours, dans leurs décisions, du principe de justice envers les parties, les faits d’injustice eussent sans doute été beaucoup plus rares. Mais dans les temps de pouvoir absolu de l’Église où la puissance civile n’osait pas intervenir pour lui donner les leçons qu’elle méritait si souvent, et où les confesseurs étaient si déplorablement incompétents, les fidèles étaient victimes à tout instant ou de l’ignorance, ou du fanatisme, ou de l’arbitraire individuel. Voyons ! Quel fond pouvait-on faire en toute franchise sur les sentiments et les notions de conscience d’un homme qui vivait dans la violation permanente de ses propres règles par le concubinage ? Il violait audacieusement sa plus étroite obligation : il ne connaissait rien du droit canon, puisqu’on n’avait pas même de séminaires de théologie pour le lui enseigner, et il faut toujours croire que toutes ses décisions au confessionnal étaient nécessairement justes, éclairées, con-