Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
les erreurs de l’église

pour commettre des injustices. Celle-ci est condamnée à en commettre par son dogme, qui prime à ses yeux ses obligations de justice envers les parties, mais en législation on ne peut reconnaître que le principe de justice. Et quand le dogme se met en conflit avec la notion de la justice envers les parties le législateur n’a clairement qu’à sourire de l’outrecuidante prétention puisque la justice est au-dessus de tout dans le monde, au-dessus de l’Église et de ses dogmes, et est la seule base possible de la législation.

Mais l’Église a mieux fait encore. Non seulement elle a donné la préséance à son sacrement de l’ordre sur son sacrement de mariage, mais son droit canon décide que le vœu solennel « annule le mariage à contracter et rompt et dissout le mariage contracté mais non consommé ». Pourtant le vœu solennel n’est pas un sacrement et le mariage en est un. J’avais donc raison de dire un peu plus haut que le mariage n’est plus considéré, depuis que le sacrement est déplacé, ou produit par les conjoints, que comme un pauvre petit sacrement laïque qui n’a aucune importance par lui-même puisque le vœu solennel, qui ne constitue un sacrement à aucun point de vue, le rompt et dissout. Cela montre quel bon marché fait l’Église de ses propres formules quand la question de sa suprématie est en jeu. Le vœu solennel plus puissant qu’un sacrement qui remonte, nous dit-on placidement, à Jésus et à Dieu lui-